En vertu de la LNT, la travailleuse du CES a deux recours possibles devant la CNESST (volet normes minimales) lorsqu’elle juge qu’elle a été mise à la porte de façon injuste. Ces recours s’exercent selon la situation particulière de la travailleuse.
1) Le recours à l’encontre d’une pratique interdite. Il est interdit pour un employeur de congédier la personne salariée pour certains motifs, comme le fait d’être enceinte, d’exercer des droits prévus à la LNT, tel un congé de maladie, ou de déposer une plainte auprès de la CNESST (volet normes minimales). Un autre motif reconnu est de refuser de travailler au-delà de ses heures habituelles à cause d’obligations familiales (à titre de parent, beau-parent, proche aidante) qui ne peuvent être assumées autrement. Tous les motifs sont listés à l’article 122 de la LNT. Il n’est pas nécessaire d’avoir un nombre de mois ou d’années de service continu pour exercer ce recours. La travailleuse a 45 jours pour porter plainte après avoir été congédiée.
2) Le recours contre un congédiement sans cause juste et suffisante. Ce recours auprès de la CNESST (volet normes minimales) est possible pour les travailleuses du CES qui cumulent au moins deux ans de service continu auprès d’un même employeur, en vertu de la LNT. La travailleuse a 45 jours de calendrier pour porter plainte à partir du moment qu’elle comprend qu’elle a été congédiée.
Comme dans le cas des recours à l’encontre de pratiques interdites, la CNESST recevra la plainte et verra si vous et votre employeur voulez participer à une médiation afin de voir s’il est possible d’arriver à une entente à l’amiable. Si ce n’est pas possible, la CNESST peut vous représenter gratuitement devant le Tribunal administratif du travail.
Dans le cas du recours à l’encontre d’un congédiement sans cause juste et suffisante, si le Tribunal administratif du travail (TAT) juge que l’employeur a congédié la travailleuse sans cause juste et suffisante selon la jurisprudence en la matière, il peut ordonner à l’employeur de payer une indemnité pour compenser la perte de l’emploi. Par contre, le TAT ne peut pas exiger que la travailleuse du CES soit réintégrée dans ses fonctions, parce que ce droit n’est pas offert aux « gardiennes de personnes » et aux « domestiques » dans la LNT. Il en va de même pour le recours à l’encontre d’une pratique interdite. Ce dernier recours est plus limité; la travailleuse peut recevoir une indemnité pour le salaire qu’elle a perdu, mais ne recevra pas d’indemnité pour la perte d’emploi.
Le préavis sert d’avertissement et signifie à la travailleuse que l’emploi prendra bientôt fin. Le délai entre le préavis et la fin de l’emploi dépend de votre situation auprès de la personne usagère. Selon l’article 82 de la LNT, un avis de cessation d’emploi devra être remis une semaine avant la fin du lien d’emploi, si la personne salariée justifie de moins d’un an de service continu, ou remis deux semaines avant pour un an à cinq ans de service continu, ou encore quatre semaines avant s’il justifie de cinq à dix ans de service continu et, enfin, remis huit semaines avant s’il justifie de dix ans ou plus de service continu. La personne salariée a droit à une indemnité compensatrice si l’avis n’est pas envoyé à temps, elle peut porter plainte à la CNESST (volet normes minimales) en ce sens. L’avis n’est pas obligatoire dans trois cas : si la personne salariée est congédiée parce qu’elle a commis une faute grave, si elle a moins de trois mois de service continu ou qu’un contrat à durée déterminée se termine.
Vous pouvez porter plainte à la CNESST (volet normes minimales) parce que vous n’avez pas reçu de préavis de cessation d’emploi. Selon la situation, il se peut que la CNESST ne puisse pas agir. Selon la LNT, l’employeur peut se soustraire à l’obligation d’émettre un préavis lors d’un cas de force majeure. L’article 1470 du Code civil définit la « force majeure » comme un événement imprévisible et irrésistible, c’est-à-dire qui n’aurait pas pu être prévu et qui fait en sorte qu’il est impossible de rencontrer ses obligations légales. L’hospitalisation inattendue et prolongée ou le décès d’une personne usagère sont-elles considérées comme des cas de force majeure? Il n’existe pas, à notre connaissance, de décision qui interprète cette notion de « force majeure » dans le cadre d’un contrat de travail du CES.
Nous conseillons aux personnes usagères et aux travailleuses de prévoir, à même le contrat de travail, une indemnité compensatrice de fin de l’emploi en cas d’hospitalisation inattendue et prolongée, de décès. Ce contrat doit prévoir de respecter au minimum les normes édictées par la LNT.
Qu’en est-il du déménagement en résidence ou en CHSLD? Des témoignages nous apprennent que des travailleuses du CES ont été les dernières à apprendre qu’une personne usagère allait en résidence, parce que les familles souhaitaient qu’elles soient disponibles jusqu’à la date du déménagement. Notons que cette situation n’est pas un cas de force majeure, lorsque le déménagement est un événement prévisible. La travailleuse a donc droit au préavis.
Les travailleuses du CES vivent une dépendance économique envers la personne usagère du CES ou ses proches. Elles peuvent se retrouver sans gagne-pain du jour au lendemain. Dans ce contexte, elles peuvent vivre de l’insécurité devant la possibilité que l’hospitalisation ou le décès de la personne usagère arrive soudainement. Il serait utile que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) se dote d’une politique pour assurer une indemnité compensatrice aux travailleuses du CES dans tous les cas où la personne usagère n’a plus besoin de ses services.